Saccharomyces boulardii : une levure probiotique, pas une bactérie !
De nombreuses personnes pensent que tous les probiotiques sont des bactéries, ce qui n’est pas le cas. Les probiotiques peuvent provenir de divers micro-organismes vivants. Ce qui rend tous les probiotiques similaires, c’est que leur consommation est bénéfique pour la santé car ils contribuent à l’équilibre de la flore intestinale.
S. boulardii est une levure probiotique vivante non colonisatrice et non systémique, qui présente un taux de croissance élevé à des températures proches de celles du corps, ainsi qu’une bonne résistance à l’environnement gastrique, ce qui permet à cette levure de s’établir rapidement et de « s’épanouir » peu de temps après le début de la supplémentation.
Cette souche de levure spécifique a démontré cliniquement une activité probiotique et une efficacité exceptionnelles, ce qui différencie son mode d’action de celui d’autres probiotiques bactériens largement utilisés. Saccharomyces boulardii s’est avérée être un probiotique utile dans la prévention et le traitement de la diarrhée associée aux antibiotiques, de la diarrhée infectieuse et de la diarrhée fonctionnelle(2). S. boulardii est également utile pour traiter la diarrhée du voyageur, ainsi que la diarrhée induite par l’infection par la bactérie Clostridium difficile.(3)
Comment Saccharomyces boulardii aide-t-elle votre système immunitaire ?
Plusieurs résultats suggèrent que S. boulardii peut soutenir à la fois la phase d’initiation d’une réponse immunitaire et la phase de résolution.(4)
Effets sur la phase d’initiation d’une réponse immunitaire
Les recherches suggèrent que S. boulardii influence positivement la phase d’initiation d’une réponse immunitaire par le biais d’une activation générale et non spécifique du système immunitaire, ce qui peut être avantageux pour lutter contre les infections. Des preuves précliniques ont démontré que S. boulardii pouvait moduler la réponse immunitaire précoce de l’hôte vers un état plus activé. Cela peut, au moins en partie, expliquer pourquoi la préexposition à S. boulardii est avantageuse pour augmenter la résistance de l’hôte aux infections. Dans le contexte de diverses infections, S. boulardii peut favoriser une réponse inflammatoire équilibrée en(5) :
- modulant diverses cytokines ;
- inhibant la maturation, la migration ou la prolifération de diverses cellules immunitaires ;
- stimulant la libération d’IgAs.
L’immunoglobuline A, parfois appelée IgAs dans sa forme sécrétoire, est impliquée dans la fonction immunologique des membranes muqueuses. Dans le cas de la dernière réponse, une modulation positive de la libération d’IgAs suite à une exposition à S. boulardii a été démontrée dans des états sains et pathologiques(6). L’IgAs est la défense de première ligne contre les pathogènes dans l’intestin, ce qui en fait un acteur clé des mécanismes d’exclusion immunitaire qui empêchent les micro-organismes d’accéder à la barrière intestinale et de la franchir.(7)
Effets sur la phase de résolution d’une réponse immunitaire
Il a été démontré que S. boulardii participe à la phase de résolution d’une réponse immunitaire en régulant à la baisse les cytokines pro-inflammatoires ou en augmentant la production de médiateurs anti-inflammatoires.
Comment Saccharomyces boulardii peut-elle équilibrer votre réaction inflammatoire en cas d’infection ?
La réaction inflammatoire de l’hôte est un signe courant des infections pathogènes, et elle provoque un inconfort digestif. Des cytokines pro-inflammatoires sont libérées au début de l’infection et contribuent à la défense contre les agents pathogènes envahissants. Mais les cytokines pro-inflammatoires ne se contentent pas d’attaquer les envahisseurs, elles peuvent aussi provoquer une inflammation dans les tissus. Des médiateurs anti-inflammatoires sont donc nécessaires pour gérer cette réaction inflammatoire.
Ainsi, S. boulardii peut soutenir ce processus en régulant à la baisse les cytokines pro-inflammatoires et en augmentant la production de médiateurs anti-inflammatoires.
Saccharomyces boulardii apporte-t-elle un soutien indirect au système immunitaire ?
Oui ! Il existe plusieurs modes d’action complémentaires permettant à S. boulardii d’avoir un rôle positif de soutien indirect sur votre système immunitaire :
- Effet prébiotique : les composants de la paroi cellulaire de S. boulardii, constituée de bêta-glucanes, de mannoprotéines et de chitine, peuvent augmenter la production d’acides gras à chaîne courte.(8)
- Action anti-pathogène : L’effet neutralisant de S. boulardii sur les facteurs de virulence des pathogènes est rendu possible par sa capacité de liaison avec les pathogènes, ou par la sécrétion de facteurs tels que des protéases capables de dégrader les toxines ou leurs récepteurs.(9)
- Restauration du microbiote intestinal : S. boulardii a été associée à un rétablissement plus rapide du microbiote intestinal après une exposition à des antibiotiques ou à des agents infectieux. S. boulardii aide également à rétablir l’équilibre du système immunitaire après des perturbations du microbiote intestinal.(10)
- Préservation des jonctions serrées : des effets positifs sur la fonction de la barrière intestinale suite à l’exposition à S. boulardii tout au long d’une infection ont été régulièrement rapportés. Cela permet de soutenir le mécanisme naturel d’exclusion immunitaire.(11)
Nous espérons que vous comprenez maintenant les immenses avantages que S. boulardii peut apporter à votre microbiome et à votre système immunitaire, ainsi que ses nombreux effets indirects bénéfiques. Comme indiqué précédemment, S. boulardii étant une levure probiotique unique et non une bactérie, elle présente l’avantage de pouvoir être utilisée conjointement avec des antibiotiques pendant le traitement, ce qui la rend plus largement utilisable et plus efficace !
L’histoire tropicale de Saccharomyces boulardii
Le microbiologiste français Henri Boulard a été le premier à découvrir cette levure alors qu’il cherchait en Asie du Sud-Est une nouvelle souche de levure résistante à la chaleur à utiliser pour la fermentation. Au cours de ses voyages, il a remarqué que le fait de mâcher des peaux de litchi et de mangoustan ou de boire des thés spécifiques permettait d’arrêter le développement des symptômes du choléra. Par la suite, Boulard a pu isoler l’agent responsable, une souche de levure appartenant au genre Saccharomyces à laquelle il a donné son nom, « Saccharomyces boulardii ».